Entrée #15 | Hugin & Muninn - Galnet France

Août
19

Entrée #15 | Hugin & Muninn

15 août 22h53

La journée ne se termine pas si mal que ça. C’est la première fois que je mange de “vraies” tomates. La saveur de ce fruit m’explose en bouche. Je ne crois pas avoir déjà mangé une chose ayant autant de saveurs. Vesta m’a conseillé de manger ces fruits crus pour profiter de ce qu’ils sont au naturel. C’est un bon conseil…

Par le hublot de la cabine centrale de l’ASP je regarde se coucher la Voie lactée. A mesure qu’elle disparaît à l’horizon, des milliards d’autres étoiles apparaissent…

 

hugin

 


*« Les tomates Greenplaneteriennes étaient-elles bonnes ? » me demande soudainement Vesta. 

Et avant même que je n’aie fini ma dernière bouchée, elle enchaîne :

« Votre manière de vous tenir à table indique que vous êtes concret, réaliste, organisé, prévoyant, responsable, que vous avez le sens du devoir, que vous respectez les traditions et les lois fondées sur la logique. Votre manière d’utiliser votre couteau trahit un côté rigide qui peut vous conduire à rejeter toute nouveauté et la tension dans vos mâchoires, lorsque vous mâchez, souligne une propension à vous surcharger de travail, voire à vous surmener. Il vous arrive de prendre des décisions prématurées et de vous montrer obstiné dans leurs applications, mais il y a aussi la part de l’autre… »

Elle marque une pause.

« Cette nuit vous rêverez de Hugin et Muninn » conclut-elle alors que les lumières du vaisseau vacillent et qu’apparait au centre de la pièce un hologramme noir et blanc qui flotte un instant en tournillant de manière hypnotique avant de se dissoudre…


 

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Ils m’ont empoisonné ! Vesta est leur outil. Elle continue à susurrer des mots à mon oreille, je sens son souffle… impossible, c’est une IA. Mais qui est-ce, alors… cette ombre au centre de la pièce ?

Mes pieds avancent, si ce sont bien eux, et pas le sol qui défile. Tout est blanc, tout résonne.  J’ai la nausée, je suis allongé debout !

L’ombre devient forme,

La forme devient silhouette,

Perdue au milieu d’une immensité blanche et infinie…

La silhouette est un homme, avec de curieuses épaules. Le sol me rapproche, je veux reculer, revenir dans mon vaisseau, mais les volutes me prennent les pieds, et les font bouger. Je suis une marionnette… et Vesta rit en tirant les fils. Elle fredonne l’hymne de Green Planet !

Ses épaules,

Il n’en a pas.

Mais à la place il y a deux oiseaux. Un Blanc et un Noir.

Des yeux,

Ils n’en ont pas.

Mais brillent des millions d’étoiles dans leurs orbites vides.

-“Bonsoir mon Garçon”

Ma bouche reste fermée… mais j’arrive à parler.

-“Bo… Boris ? C’est toi ? Je suis mort, ils m’ont tué ? Les tomates ?”

Son rire n’a pas changé.

-“Mort ? Mon dieu non ! Je ne crois pas que ce soit dans leurs intentions mon garçon.” Il change de ton. “Du moins pas dans les minutes qui viennent.”.

-“Je ne comprends pas… Qu’est-ce que tu fais là ? Toi aussi, tu m’as piégé !”

-“Piégé ? Piégé ! Non, mon garçon, je t’ai libéré ! Que crois-tu que j’ai fait dans ce bar ? Te faire passer pour un criminel ? Et dans quel but à ton avis ?”

-“Me chasser… de ton univers…” Le blanc me vrille la tête. Mes yeux ne sont que des fentes, et le visage de Boris s’allonge. Les corbeaux, sur ses épaules lui parlent… je crois qu’il les écoute…

-“Je crois que vous avez raison, il est stupide”, leur adresse-t-il.

Puis son regard plonge dans le mien.

-“N’importe qui dans ce bar miteux aurait fait l’affaire. Des videurs aux putes, j’aurais pu choisir n’importe qui. Mais je ne voulais en sauver qu’un, pour qu’il parte et ne revienne jamais.”

-“Tu… m’as… chassé”

-“Libéré. Je t’ai permis de devenir ce que tu es aujourd’hui… pas ce piètre explorateur, non… Mais ce dont “Ils” ont besoin…”

-“Je ne… sais pas… si… je peux…”

Le corbeau blanc ouvre le bec et la voix de Vesta en sort :

-“L’heure du choix est venue, Commandant, vous avez beaucoup trop attendu et refusé”

Puis le Noir intervient, il tonne d’une voix glaçante :

-“Sans choix, tu ne partiras pas d’ici… sans choix le poison te tuera, je m’en assurerais.”

J’ai de plus en plus de mal à parler, le temps est compté… un choix… un choix…

-“Oui, un choix” reprend Boris. “Je te présente Hugin et Muninn, ce sont de très vieux corbeaux, qui ont rendu de très grands services par le passé… et ils sont là pour toi. L’un t’offre la liberté, celle qui te permettra de voyager seul, et en paix. Rien ne sera demandé en échange, il est douceur et plénitude… Mais c’est aussi le refus du Dessein.”

Le corbeau noir croasse.

-“Lui, c’est le monde des ténèbres. Les charniers et la guerre. Mais c’est aussi une serrure dont tu es peut-être l’unique clé.”

Je veux partir. Les murs invisibles se rapprochent. J’ouvre la bouche pour happer l’air, il manque, il brûle, mes poumons brûlent…

L’heure des choix…

-“Pourquoi… pourquoi Green Planet… avec… ces choix ?”

-“Comment veux-tu que je le sache mon garçon… je ne suis pas eux. Ils t’ont offert deux corbeaux, et c’est tout. Peut-être est-ce un pari. Tu es peut-être une menace pour certains équilibres. Un pari… oui peut-être bien… Mais cesse de perdre ton temps avec ces questions, il ne te reste que quelques minutes… Alors ? dis-moi qui tu veux sur ton épaule ?”

Je repense à cette quête, je repense à ce voyage, à ces batailles, à ces menaces. Ils sont là-bas, je les ai laissés seuls… piètre gardien… Sont-ils le dessein ?

Je m’approche, péniblement.

Ma main se lève…

Je sens que mes jambes me lâchent… il ne reste que quelques secondes…

L’heure du choix.

Devenir ce que l’on doit être et ne plus y revenir. Suivre les pavés qui créent la route. Je ne suis pas ces pierres, mais elles sont mon chemin.

Je lève le bras….

Et prends le corbeau, puis le pose sur mon épaule.

L’air entre à nouveau dans mes poumons… Boris me regarde et sourit…

-“Enfin, il t’en aura fallu du temps pour l’accepter…”

Mon corbeau a une voix de femme. Je la connais trop bien. Ses yeux sont des lames impitoyables….

-“Je le savais… Reviens maintenant… nous t’attendons.”

Elle rit… Boris se métamorphose peu à peu en cadavre grouillant… Mon corbeau rit et ne s’arrête plus…

Je reconnais cette pièce, je suis dans un vaisseau, allongé à terre, la douleur est intense.

J’entends Vesta parler seule…

-“Oui Docteur Sloanne, il est en vie…”

J’essaye de me relever, sans succès.

-“Non Docteur, il a choisi l’autre, je suis désolée…”

Vesta… il va falloir que je m’occupe d’elle maintenant, personne ne doit se mettre sur mon chemin, quel qu’en soit le prix… Mais pour l’heure je suis épuisé…

Je finis par sombrer dans un sommeil sombre et froid, où se déroulent des guerres millénaires. Je parcours des champs ravagés par l’indicible, où s’entassent des millions de corps. Je ne suis pas l’architecte, mais le simple gardien d’un mur. Le seul dernier rempart.

Et sur mon épaule maculée de sang, siffle un corbeau noir.

Le choix est fait,

La Source a t-elle parlé ?

*J’ai engagé un « jeu RP » avec le CMD Sloanne qui est susceptible d’interférer avec mon récit, ses interventions seront signalées par une étoile : * en début de phrase.

One comment

  • Août 28, 2016 @ 16:59

    Petite critique, tu devrais faire moins de saut de ligne dans les dialogue. Ca rend la lecture pas du tout agréable, il faut changer de lignes à toutes les secondes c’est pas très agréable. Sinon très beau travail !

    Répondre

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